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Romancière, poète

 

 J'air

 

Dernière fin du monde avant le matin

 

15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 16:01

SCHREIBEN LEBEN
par Rodica Draghincescu
Pop Verlag, Ludwigsburg, Allemagne, 2004

Préface dialoguée avec l'auteur par le Directeur Jean-Baptiste Joly, de l'Académie internationale Solitude
(Stuttgart)

Entretiens avec Gérard Blua, Yves Bonnefoy, Michel Butor, Cristina Castello, Magda Cârneci, Maurice Couquiaud, Volker Demuth, Kurt Drawert, Rüdiger Fischer, Zsuzsanna Gahse, Guy Goffette, Jean-Baptiste Joly, Yves di Manno, Olga Martynova, Petra Nagenkögel, Jean Orizet, Serge Pey, Eginald Schlattner, Dieter Schlesak, Alès Steger, Sandrine Rotil-Tiefenbach, Gérard Truilhé.

 

Extrait :

« R.D. : – Vos romans (" Sarah K 477 ", " J'air ") font des références au corps, sont des véritables déclarations d'amour au corps humain. Votre courage n'est pas celui d'une féministe car l'acte charnel de vos proses dépasse la "ligne robotiquement sensuelle" de C. Millet, V. Despentes, C. Angot, il est à la fois fiction, métaphysique, innocence et expérience émotive de la chair et culpabilité de l'esprit. C'est le courage d'une imagination très riche qui explore en même temps le désert et les oasis d'un monde en déroute physique et psychique. Vous sentez-vous dans l'acte d'écrire telle une danseuse de corde ?

S.R.-T. : – Comme une danseuse de corde, exactement. L'analyse que vous faites ici de mes romans me touche beaucoup. J'écris sans filet, en équilibre, par saccades. C'est un tremblement. La voix du corps, oui. Parce que nous y sommes enfermés, que nous le voulions ou non, pour une durée indéterminée derrière laquelle se trouve – ou pas – l'Inconnu dans son absolu. J'envisage l'être humain à l'enseigne de l'Humanité qu'il fabrique. Une entité d'une extrême jeunesse d'esprit qui ne se laissera peut-être pas le temps de grandir suffisamment pour acquérir la maturité qu'exigerait sa pérennité. L'humanité est cet enfant livré à lui-même dans la nature dangereuse de ses propres pas. Chaque individu vivant ou ayant vécu à la surface de cette planète est régi avant tout par son corps, lequel, ici, vaudra pour carte de visite, là-bas, pour temple de l'esprit. Le corps est une image, un physique, un véhicule obligé, mais également un système nerveux. Tout passe par lui. La pensée y plante ses effets. Le temps y impose ses prises. Il est notre premier témoin et ce, au sens le plus brutal qui soit, si l'on tient dans ce mot ses deux notions enchevêtrées du brut, du grossier, du non poli, mais aussi du primal, animal, instinctif, réflexe. C'est par-dessus tout cela, que l'humain apparaît, par-dessus tout cela que, ce qui le sépare des autres créatures du règne de la vie a voix. Et c'est cette voix, par le biais de mon regard, que je cherche pour la rendre. On ne peut pas écrire sur l'humain sans écrire le corps, et on ne peut pas écrire le corps, sans le faire avec son sang. »

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